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La thalassocratie phénicienne

Située sur une étroite bande côtière qui n'offrait pas de bonnes conditions pour assurer son développement, la Phénicie se vit contrainte de chercher sur mer les moyens de les acquérir. Les Phéniciens firent ainsi de la Méditerranée une sorte de mer particulière et dominèrent le trafic méditerranéen durant plusieurs siècles. Les débuts de cette thalassocratie semblent correspondre aux débuts de l'âge du fer (vers 1200 av. J.-C.). Cette domination était facilitée par l'absence de concurrence car la flotte grecque ne comptait pas encore. I1 faudra attendre la fin du IXe siècle av. J.-C. pour voir les Grecs participer à l'exploration de la Méditerranée occidentale et y établir des colonies.

Des navigateurs réputés

Les Phéniciens ont amélioré la technique navale égyptienne. La flotte phénicienne bénéficiait des progrès accomplis en matière de construction navale : usage de la quille, des membrures et des clous, et construction d'enceintes protégeant les hommes et les marchandises de la houle. En outre, les marins phéniciens savaient se diriger grâce aux étoiles.

Les textes classiques qui illustrent la grandeur des Phéniciens sur mer sont nombreux et chronologiquement divers. Outre les passages qu'on trouve dans l'Odyssée d'Homère, Hérodote nous raconte le périple de Néchao (600 av. J.-C.) pour la réalisation de la circumnavigation de l'Afrique par l'est. Il semble, mais l'authenticité du récit est controversée, que les Phéniciens tenteront une nouvelle circumnavigation par l'ouest, en 425 av. J.-C., connue sous le nom de périple d'Hannon.

Les marins phéniciens seront également au service de Salomon, pour guider tous les trois ans la flotte d'Esion Gaber vers le pays d'Ophir (Arabie ou l'Afrique orientale). Sous la domination assyrienne, l'activité maritime ira encore en croissant. Ce sont d'ailleurs les reliefs du palais de Sennachérib qui nous donné une représentation de leurs navires : navires de guerre armés en birème ; navires de commerce ronds et trapus, à voile carrée et gouvernail latéral.

Les comptoirs phéniciens

C'est ainsi qu'en dehors de leurs grandes villes de Syrie, ils fondèrent aussi de nombreuses colonies marchandes. Cette expansion maritime était purement commerciale. Ils se tournent d'abord vers Chypre où Kition et Paphos étaient leurs deux principaux comptoirs : Chypre est d'ailleurs la région du monde qui a livré le plus grand nombre d'inscriptions phéniciennes. Puis, poussés par l'esprit d'aventure ou bannis pour raison politique, certains allèrent vers le couchant et fondèrent leurs premières colonies à partir du Xè - IXè siècle avant J.-C. : sur les côtes africaines (Utique, Carthage, et en Libye), en Afrique du nord (Carthage, Rachgoun, Mogador), en Sicile (Motyé), Sardaigne, Espagne (Cadix, Tartessos), à Malte, construisant ainsi un véritable "triangle phénicien". La recherche des minerais nécessaires pour l'élaboration du bronze conduisit même les Phéniciens jusqu'en Cornouailles.

Les sites d'installation sont choisis avec soin : petits îlots à quelque distance de la côte, promontoires reliés au continent par un isthme étroit, embouchure d'un fleuve ou fond de golfe. Les critères recherchés sont double : qualité du mouillage, le moins tributaire possible des vents, et facilité de défense. Ces comptoirs servirent de relais pour l'exportation des produits de Phénicie (cèdre et pourpre), naturellement, mais aussi de tous ceux que l'arrière-pays pouvaient produire (bois de genévrier, résine, ivoires sculptés, verrerie ou dinanderie).

Selon Hérodote, les Phéniciens, lorsqu'ils arrivaient en un point quelconque du littoral, débarquaient leurs marchandises, les étalaient sur la plage, puis retournaient à leurs bateaux d'où ils faisaient s'élever des colonnes de fumée. A cette vue, les indigènes s'approchaient, apportant 1eur or, et le troc pouvait commencer.


 

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